Une entreprise française lève 18 millions d'euros pour révolutionner l'informatique quantique
Fondée en 2020, C12 se distingue par son processus unique de création d'ordinateurs quantiques utilisant des nanotubes de carbone.
Bien que le concept d’informatique quantique ne soit pas nouveau, il reste en pleine évolution. De nombreuses équipes scientifiques explorent divers angles pour créer un ordinateur quantique capable d'exécuter des calculs avec un faible taux d'erreurs. Les modèles traditionnels sont actuellement basés sur des transistors électroniques. Leur miniaturisation continue a permis une augmentation exponentielle de la puissance de calcul au cours des 60 dernières années. Cette architecture atteint cependant ses limites. Certains problèmes complexes restent insolubles et la validité de la loi de Moore est de plus en plus incertaine. C'est ici que les ordinateurs quantiques peuvent faire la différence.
La solution innovante de C12
Ce qui distingue C12 des autres équipes travaillant sur l'informatique quantique, ce sont les matériaux et le processus de fabrication qu'elle utilise. En effet, elle se sert de nanotubes de carbone et d’un processus de nano-assemblage breveté.
"Nous sommes les seuls au monde à maîtriser ce procédé très spécial, qui consiste à placer un nanotube de carbone sur une puce en silicium. Le diamètre d'un nanotube de carbone est 10 000 fois plus petit qu'un cheveu humain," précise Pierre Desjardins, son co-fondateur et PDG.
Les grandes entreprises comme Google, IBM ou Amazon utilisent majoritairement des matériaux supraconducteurs tels que l'aluminium sur un substrat de silicium. Toutefois, C12 estime que cette méthode ne sera pas viable à grande échelle en raison des interférences entre qubits. L’entreprise française se positionne donc comme travaillant sur l'informatique quantique de nouvelle génération.
Un pas vers l'avenir
La première ligne de production de C12 est installée dans un sous-sol près du Panthéon à Paris. L'entreprise y fabrique des nanotubes de carbone, les contrôle puis les intègre avec le substrat en silicium.
"Aujourd'hui, nous produisons environ une puce par semaine, que nous testons ensuite dans notre mini centre de données," déclare le PDG.
Pour l'instant, l'accent est mis sur des puces avec un ou deux qubits. En parallèle de la recherche et du développement, la société développe son écosystème commercial. Elle a créé un émulateur appelé Callisto, permettant aux développeurs d'écrire et d'exécuter du code quantique sur un ordinateur classique.
"Nous nous concentrons actuellement sur deux secteurs: l'industrie chimique et l'industrie de l'énergie," indique-t’il.
La startup a déjà établi un partenariat avec Air Liquide et continue d'attirer des investisseurs tels que Varsity Capital, EIC Fund et Verve Ventures.
Avec une équipe de 45 personnes de 18 nationalités différentes, dont 22 docteurs, C12 prévoit de signer davantage de partenariats industriels et de réaliser une opération quantique entre deux qubits situés à des dizaines de micromètres l'un de l'autre, un pas important pour l'évolution de l'informatique quantique.