Meta en Europe - Un virage stratégique sous pression réglementaire
Le géant des réseaux sociaux navigue entre adaptation et résistance.
Face aux pressions réglementaires croissantes de l'Union Européenne, Meta opère un changement important dans sa stratégie publicitaire pour le marché européen. Cette transformation survient dans un contexte où l'entreprise risque des amendes colossales pouvant atteindre 10% de son chiffre d'affaires mondial.
La nouvelle approche publicitaire
Le géant technologique annonce une modification majeure de son système publicitaire qui sera effective dans les prochaines semaines. Meta propose des publicités moins personnalisées pour les utilisateurs européens qui ne souscrivent pas à l'abonnement pour les supprimer. Les critères de ciblage se limiteront désormais à l'âge, la localisation, le genre et l'interaction avec les publicités, marquant ainsi une rupture avec le système de surveillance actuel. Cette décision intervient dans le cadre du Digital Markets Act (DMA), la nouvelle réglementation européenne sur la concurrence numérique. En tant que "gatekeeper" désigné, l’entreprise américaine doit obtenir votre consentement explicite pour combiner vos données personnelles entre ses différentes plateformes. Jusqu'à présent, elle proposait uniquement un choix binaire, accepter le suivi ou payer un abonnement, une approche qui fait l'objet d'une enquête de la commission européenne depuis mars 2024.
La nouvelle tarification
Dans cette même dynamique d'adaptation, Meta réduit de manière drastique le coût de ses abonnements sans publicité. Le tarif mensuel passe de 9,99€ à 5,99€ sur le web, et de 12,99€ à 7,99€ sur mobile. Pour les comptes additionnels, les utilisateurs devront débourser 4€ par mois sur le web et 5€ sur mobile. Cette restructuration aura des répercussions directes sur l'expérience utilisateur. Les personnes optant pour la version gratuite verront des publicités moins intrusives en termes de collecte de données, mais potentiellement plus nombreuses et plus visibles sur leur fil d'actualité. Meta semble ainsi vouloir vous inciter à souscrire à la version payante, tout en respectant formellement les exigences réglementaires européennes.
La position de la commission européenne
La commission reste prudente face à ces changements. Sa porte-parole, Lea Zuber, souligne que ce nouveau modèle relève de la seule responsabilité de Meta et n'a reçu ni approbation ni accord. L'enquête sur la conformité de l’entreprise au DMA se poursuit, avec l'objectif d'assurer une mise en conformité complète et effective. Cette transformation du modèle publicitaire marque un tournant historique dans la relation entre les géants technologiques et la réglementation européenne. Elle illustre la capacité du cadre réglementaire à influencer les pratiques des grandes plateformes numériques, même si l'efficacité réelle de ces changements reste à démontrer. L'évolution de cette situation continuera d'être scrutée de près par les régulateurs, les utilisateurs et l'industrie technologique dans son ensemble.