L'intelligence artificielle et le journalisme
Une relation complexe selon une nouvelle étude.
Dans un contexte où les accords entre éditeurs de presse et OpenAI se multiplient, une étude récente du Centre Tow pour le journalisme numérique vient alarmer de manière préoccupante sur la manière dont ChatGPT gère les citations et les sources journalistiques.
Une méthodologie rigoureuse
L'étude, menée au sein de la prestigieuse Columbia Journalism School, s'est attachée à examiner la précision des citations produites par ChatGPT. Les chercheurs en ont sélectionné 200 provenant de 20 éditeurs différents, incluant des géants de la presse américains comme le New York Times, le Washington Post et le Financial Times. Cette démarche scientifique visait à évaluer la capacité de l'IA à identifier correctement les sources d'articles, qu'ils proviennent d'éditeurs ayant conclu des accords avec OpenAI ou non.
Des résultats inquiétants
Les conclusions sont sans appel, aucun éditeur n'a été épargné par les inexactitudes du chatbot, indépendamment de ses relations avec OpenAI. Sur les 200 citations testées, 153 ont reçu des réponses partiellement ou totalement incorrectes, un chiffre particulièrement alarmant pour l'industrie médiatique. Plus préoccupant encore, ChatGPT n'a reconnu son incapacité à fournir une réponse précise que dans sept cas sur 153 erreurs. Cet excès de confiance artificiel contraste fortement avec le fonctionnement des moteurs de recherche traditionnels, qui indiquent clairement l'absence de résultats pertinents.
Les implications pour l'industrie médiatique
Cette situation soulève des questions concernant les risques en terme de réputation pour les éditeurs. Les citations erronées peuvent non seulement induire les lecteurs en erreur mais également porter atteinte à la crédibilité des médias concernés. L'étude révèle un paradoxe troublant, même les éditeurs ayant conclu des accords de licence avec l’entreprise ne sont pas à l'abri des citations inexactes. Cette découverte remet en question la valeur réelle de ces partenariats. Face à ces conclusions, OpenAI a réagi en qualifiant l'étude de "test atypique de leur produit". La célèbre société d’IA dit mettre en avant des efforts pour améliorer la précision des citations et respecter les préférences des éditeurs, notamment à travers la gestion du robot d'indexation OAI-SearchBot.
Et après
Cette étude, bien que limitée dans son échelle, interroge de manière directe sur la relation entre l'IA et le journalisme. Elle met en avant la nécessité d'une réflexion approfondie sur la façon dont ces types de contenus sont traités par ces systèmes. Le défi principal réside dans la capacité à concilier l'innovation technologique avec la préservation de l'intégrité journalistique. Les éditeurs se trouvent actuellement dans une position délicate, avec peu de contrôle réel sur la manière dont leur contenu est utilisé et cité par ChatGPT. La situation actuelle appelle à une collaboration plus étroite entre les développeurs d'IA et les professionnels des médias pour créer des solutions qui respectent à la fois l'innovation et les principes fondamentaux du journalisme. L'avenir de cette relation complexe dépendra largement de la capacité à trouver cet équilibre délicat.