La chute d'un empire crypto - Sam Bankman-Fried fait appel de sa condamnation
Le fondateur de FTX conteste le procès, ravivant le débat sur la régulation des cryptomonnaies.
Dans le monde tumultueux de la cryptomonnaie, peu d'histoires ont capturé l'attention du public comme celle de Sam Bankman-Fried, le fondateur déchu de FTX. Autrefois célébré comme un prodige de la finance, il se retrouve aujourd'hui au centre d'une bataille juridique acharnée, luttant pour sa liberté et sa réputation.
Un empire en ruines
Il y a à peine deux ans, Sam Bankman-Fried était l'incarnation même du succès dans l'univers crypto. Milliardaire à 30 ans, son visage ornait les panneaux publicitaires et les couvertures de magazines aux États-Unis. FTX, sa plateforme d'échange de cryptomonnaies, était considérée comme l'une des plus fiables et innovantes du secteur. En novembre 2022, cet empire s'est pourtant effondré comme un château de cartes. Une ruée sur les dépôts a révélé un trou béant de 8 milliards de dollars dans les comptes, provoquant l'implosion de l'entreprise et déclenchant une enquête criminelle. En quelques jours, il est passé du statut d'icône à celui de paria, accusé d'avoir orchestré l'une des plus grandes fraudes de l'histoire de ce secteur.
Le procès et la condamnation
Après un procès d'un mois à New York à l'automne 2023, un jury fédéral américain l’a reconnu coupable de fraude, de complot et de blanchiment d'argent. En mars 2024, le juge Lewis A. Kaplan du tribunal fédéral de Manhattan a prononcé une peine de 25 ans de prison, mettant fin à la saga judiciaire de première instance. Le procès a également été marqué par des témoignages accablants, notamment ceux de trois anciens collaborateurs proches de lui chez FTX. Parmi eux, Caroline Ellison, son ex-petite amie et figure clé de l'affaire, dont la sentence est attendue pour septembre 2024.
L'appel: une dernière tentative
Vendredi dernier, Sam Bankman-Fried a déposé un appel, attaquant directement le juge qui a supervisé sa condamnation. Dans un document de 102 pages, son avocate, Alexandra A.E. Shapiro, a demandé un nouveau procès, pointant du doigt plusieurs décisions du juge Kaplan qui, selon elle, ont limité la capacité de son client à présenter des preuves et entravé sa défense.
"Sam Bankman-Fried n'a jamais été présumé innocent," écrit-elle. "Il a été présumé coupable par le juge qui a présidé son procès."
Cette affirmation audacieuse est au cœur de la stratégie d'appel, remettant en question l'équité du procès initial.
Les points clés de l'appel
La Question des Pertes: L'appel critique une décision du juge Kaplan qui a empêché Bankman-Fried d'argumenter que les utilisateurs de FTX n'avaient pas réellement perdu d'argent, car ils sont sur le point de récupérer des fonds dans le cadre de la procédure de faillite. Selon la défense, cette restriction a permis au gouvernement de présenter un "faux récit" selon lequel ces derniers, prêteurs et investisseurs de la plateforme avaient définitivement perdu ces sommes.
Avis Juridique: La défense soutient que le juge a indûment empêché l’accusé de témoigner sur le fait qu'il s'était appuyé sur des conseils juridiques pour prendre certaines des décisions commerciales attaquées par l'accusation lors du procès.
Déposition Pré-témoignage: L'appel remet en question l'ordre du juge exigeant que Bankman-Fried se soumette à une "déposition pré-témoignage" en dehors de la présence du jury, avant de témoigner. Son avocate qualifie cette procédure d'inédite, expliquant qu'elle a permis à l'accusation de mener un contre-interrogatoire allant bien au-delà de l'objectif supposé de cette audience préalable.
Commentaires du Juge: L'appel affirme également que le juge a fait des commentaires mordants sapant la défense, allant jusqu'à ridiculiser le témoignage de l'accusé lors de l'audience préalable et devant le jury.
Rôle de Sullivan & Cromwell: La défense conteste aussi le rôle joué par le cabinet d'avocats Sullivan & Cromwell, qui a servi de conseiller juridique externe à FTX avant de devenir son principal avocat en faillite. L’avocate de Bankman-Fried argue que le cabinet a poussé à tort son client à démissionner de son poste de PDG et est devenu de facto un bras du gouvernement en fournissant des informations aux procureurs fédéraux.
Un pari risqué
L'appel d'une condamnation fédérale est toujours un pari risqué aux États-Unis. Sam Bankman-Fried, âgé de 32 ans, maintient son innocence depuis que les procureurs l'ont accusé de fraude peu après l'effondrement de FTX en novembre 2022. Il purge actuellement sa peine au Metropolitan Detention Center de Brooklyn, où il est détenu depuis peu avant son procès. La demande d'un nouvelle audience devant un juge différent représente un dernier espoir pour lui de renverser sa condamnation. Le chemin vers une potentielle libération reste cependant long et incertain.
Une saga qui continue
L'affaire continue de fasciner et d'interroger. Elle soulève des questions importantes sur la régulation des cryptomonnaies, la responsabilité des dirigeants d'entreprises technologiques et les limites du système judiciaire américain. Alors que l’univers crypto se remet encore des secousses provoquées par la chute de FTX, l'issue de cet appel pourrait avoir des répercussions importantes sur l'avenir du secteur et sur la façon dont les autorités abordent les cas de fraude financière à l'ère numérique. L'histoire de Sam Bankman-Fried restera comme un avertissement puissant sur les dangers de l'hubris et de l'absence de contrôle dans un secteur en pleine effervescence. Elle nous rappelle que même les empires les plus brillants peuvent s'effondrer en un instant, laissant derrière eux des questions sans réponse et des leçons douloureuses à tirer.
Je serais plus mesuré sur le besoin de régulation. Il en faut, c'est indéniable, mais il ne faut pas oublier la genèse du principe de décentralisation des cryptos lancé par le bitcoin, qui, je le rappelle, souhaite se débarrasser des institutions financières ultra centralisées de la finance tout en conservant un certain anonymat sur les opérations. Si réguler, comme beaucoup d'états le souhaitent, impliquent de tout surveiller, et/ou d'imposer des règles de centralisation, on perdra toute la philosophie à l'origine de l'essor des cryptos.
Mais c'est déjà ce qui est fait dans certain pays avec leur Internet, Russien, Chine, Corée du Nord, Iran etc.. alors réguler les crypto monnaies c'est la prochaine étape. Mais comme toujours à qui profitera cette régulation, au plus riches et aux plus mafieux, la crypto n'est pas pour tout le monde (je n'en ai pas) , un monde ou l'on payerait sa baguette avec de la monnaie virtuelle c'est un fantasme, par contre les monnaies locales oui !! près de chez moi il y a des Pezh !! ça profites à tous les commerçants et c'est un circuit court, pas de profits douteux ou d'usage criminels.