Alexa - Le pari risqué d'Amazon sur l'IA générative pour sauver son assistant vocal déficitaire
Malgré sa popularité, il s'est avéré être un gouffre financier pour le géant du e-commerce.
Selon un récent rapport du Wall Street Journal, la division d'Amazon responsable des appareils basés sur Alexa aurait perdu pas moins de 25 milliards de dollars entre 2017 et 2021. Face à ces pertes colossales, l’entreprise mise désormais sur une version améliorée de son assistant, propulsée par l'intelligence artificielle générative, pour tenter de le rentabiliser. Mais cette stratégie n'est pas sans risques.
Un succès commercial, un échec financier
Amazon affirme avoir vendu plus de 500 000 appareils compatibles, incluant les enceintes Echo, les liseuses Kindle, les téléviseurs Fire TV et les caméras de sécurité intelligentes Blink et Ring. Depuis son lancement, Alexa, à l'instar d'autres assistants vocaux, peine cependant à générer des revenus importants. Fin 2022, Business Insider rapportait que l’assistant était en passe de perdre 10 milliards de dollars sur l'année. La stratégie initiale d'Amazon consistait à vendre les enceintes Echo à bas prix, voire à perte, dans l'espoir de générer des revenus ultérieurs grâce à lui. Dave Limp, ancien vice-président senior de la branche Devices, déclarait en 2019:
"Nous n'avons pas besoin de gagner de l'argent lorsque nous vous vendons l'appareil."
Malheureusement, cette approche n'a pas porté ses fruits.
Des utilisations gratuites, peu de revenus
Le problème majeur réside dans l'utilisation que font les consommateurs d'Alexa. La plupart s'en servent pour des services gratuits, comme vérifier la météo ou l'heure, plutôt que pour effectuer des achats importants. Un ancien employé senior a confié au WSJ:
"Nous craignions d'avoir embauché 10 000 personnes pour construire un simple minuteur intelligent."
Bien qu'Amazon affirme que plus de la moitié des propriétaires d'Echo ont effectué des achats via l'appareil, les anciens employés de l'équipe Alexa Shopping indiquent que les revenus générés sont insignifiants. De plus, les tentatives de monétisation via la vente de services de sécurité ou la publicité se sont heurtées à des difficultés, notamment le risque d'agacer les utilisateurs avec des annonces intempestives.
Des investissements continus malgré les pertes
Malgré ces pertes importantes, Amazon a continué à investir massivement dans le développement de nouveaux produits. En 2018, alors que la division Devices perdait plus de 5 milliards de dollars, l'entreprise a tout de même lancé le développement du robot Astro pour les particuliers. D'autres produits comme les trackers de santé Amazon Halo et les appareils de streaming de jeux Luna ont vu le jour en 2019, une année où les pertes de la division hardware dépassaient les 6 milliards de dollars.
Une métrique de succès contestable
Le WSJ révèle également qu'Amazon utilisait une métrique appelée "impact en aval" pour évaluer le succès de ses produits. Développée en 2011 par des économistes, cette mesure attribue une valeur financière à un produit ou un service en fonction des dépenses des clients dans l'écosystème de la marque après son achat. Cette métrique aurait pu donner une image trompeuse de la rentabilité de certains appareils, notamment les enceintes Echo.
Le pari de l'IA générative
Face à ces difficultés financières, Amazon mise désormais sur une version d'Alexa basée sur l'intelligence artificielle générative, espérant enfin générer des profits. L'idée est de proposer un service par abonnement, probablement entre 5 et 10 euros par mois, offrant des fonctionnalités avancées comme la capacité d'exécuter plusieurs commandes sans répéter "Alexa", d'être plus conversationnel et de gérer les maisons intelligentes de manière plus intuitive. Cette stratégie comporte malgré tout plusieurs défis:
La fatigue des abonnements: De nombreux consommateurs se sentent déjà submergés par le nombre de services par abonnement auxquels ils souscrivent.
La réputation des assistants vocaux: En une décennie, les assistants vocaux n'ont pas réussi à prouver leur valeur au-delà des tâches ménagères basiques.
Les préoccupations en matière de confidentialité: Amazon doit faire face à des inquiétudes concernant la vie privée, notamment en raison d'incidents passés impliquant la conservation d'enregistrements Alexa et l'écoute d'audio provenant de l'assistant.
La concurrence des chatbots existants: Amazon devra se démarquer face à des assistants IA déjà bien établis.
La pression du temps: Avec des pertes aussi importantes, la marque n'a peut-être pas le luxe d'attendre longtemps pour que cette nouvelle version d'Alexa fasse ses preuves.
Un avenir incertain
Bien qu'Amazon se dise confiant dans sa capacité à construire le meilleur assistant personnel, le succès de cette nouvelle version d'Alexa est loin d'être garanti. L'entreprise doit non seulement développer une technologie compétitive, mais aussi changer la perception du public sur Alexa et les assistants vocaux en général. De plus, la confiance des consommateurs a été ébranlée par la décision du géant américain de mettre rapidement fin à certains produits, comme Halo et le robot Astro pour les entreprises. En fin de compte, le pari d'Amazon sur l'IA générative pour Alexa représente un dernier espoir pour rentabiliser son assistant vocal. L'enjeu est de taille, et le temps presse.
'La fatigue des abonnements'... On ne peut qu'être d'accord avec ce point, on a parfois l'impression de vivre dans un Free to Play, ou chaque application ou gadget technologique propose son propre abonnement, ce qui, au final, finit par coûter une petite fortune aux consommateurs, pour ie valeur ajoutée souvent peu convaincante.