Microsoft est accusé par l'UE d'intégration illégale de Teams avec Office 365
Pour la première fois en 15 ans, Microsoft fait face à des accusations de violations des règles antitrust de l'Union Européenne.
Après Apple cette semaine, l’Union Européenne s’en donne à cœur joie. Les régulateurs accusent Microsoft d'avoir intégré illégalement son application de messagerie Teams à ses abonnements Office 365 et Microsoft 365, une action qui rappelle deux précédents majeurs impliquant Windows Media Player et Internet Explorer. Dans un communiqué publié aujourd'hui, la commission a déclaré:
“La commission européenne a informé Microsoft de son avis préliminaire selon lequel l’entreprise a enfreint les règles antitrust de l'UE en liant son produit de communication et de collaboration Teams à ses applications de productivité populaires incluses dans ses suites pour entreprises Office 365 et Microsoft 365.”
Microsoft a reçu une déclaration d'objections, listant les préoccupations de l’Europe concernant l'intégration de Teams. L'année dernière, en réponse aux régulateurs, le géant américain avait dissocié Teams d'Office en Europe, puis l'avait séparé d'Office 365 pour en faire une application distincte à l'échelle mondiale. Ces mesures n'ont cependant pas suffi à éviter les accusations.
Préoccupations et réponses
Margrethe Vestager, responsable de la politique de concurrence, a exprimé ses préoccupations:
“Nous craignons que Microsoft ne donne à son propre produit de communication Teams un avantage indu par rapport à ses concurrents, en le liant à ses suites de productivité populaires pour entreprises. Si cela est confirmé, la conduite serait illégale au regard de nos règles de concurrence. La société a maintenant la possibilité de nous répondre.”
Microsoft a affirmé qu'il travaillait avec l'UE pour trouver des solutions. Brad Smith, président de Microsoft, a déclaré au Financial Times:
“Ayant dissocié Teams et pris des mesures initiales en matière d'interopérabilité, nous apprécions la clarté supplémentaire fournie aujourd'hui et nous travaillerons à trouver des solutions pour répondre aux préoccupations restantes de la Commission.”
L'enquête antitrust de l'UE sur l'intégration de Teams a été ouverte l'année dernière, suite à une plainte pour concurrence déloyale déposée par Slack en juillet 2020. Ce dernier alléguait que Microsoft avait lié illégalement son produit Teams à Office, en forçant son installation pour des millions d'utilisateurs, bloquant sa suppression et cachant le véritable coût pour les clients d'entreprise. Si Microsoft est reconnu coupable, il pourrait faire face à une amende pouvant atteindre 10% de son chiffre d'affaires annuel mondial. La commission européenne pourrait également imposer des mesures correctives pour obliger la société à modifier ses produits logiciels, comme elle l'a fait par le passé.
Bis repetita
En 2004, elle avait ordonné à Microsoft d'offrir une version de Windows sans Media Player intégré, ce qui avait abouti à la version Windows XP N disponible uniquement sur les marchés de l'UE. En 2009, Microsoft avait également été contraint de mettre en œuvre une boîte de dialogue de sélection de navigateur dans son système d'exploitation pour garantir aux utilisateurs un choix, après des années d'intégration d'Internet Explorer. En 2013, l’entreprise avait été condamnée à une amende de 730 millions de dollars pour ne pas avoir inclus celle-ci dans Windows 7 SP1.
La situation actuelle pourrait donc avoir des répercussions importantes sur Microsoft et son modèle de distribution de logiciels. Affaire à suivre.